Ce matin au programme, je devais faire une séance spécifique de travail de l’allure de compétition 10km « spé 10km » pour les intimes. La piste sur laquelle je cours le samedi n’ouvre qu’à 10h, et j’y suis allé à vélo pour m’éviter les 20mn de footing du retour. Le stade est vide, à part un gars qui trottine torse nu dans l’herbe. La température est effrayante pour le type de séance que je m’apprête à faire, j’ai emporté une petite bouteille de boisson isotonique déjà à moitié vidée rien qu’au tour de chauffe, ça promet d’être dur car la piste est en plein cagnard, pas le moindre petit souffle: c’est la fournaise dès 10h.
Je trottine tranquillement 25mn avant d’aller sur la piste que je coupe à travers le gazon fraîchement coupé. Je peux ressentir l’humidité de l’herbe à travers le mesh de mes runnings et cela va me donner une bien bonne idée à la fin de ma séance. C’est parti pour 2*1500m récupération en footing sur 300m + 3*1000m, récupération sur 200m: le tout à 3’36″/km (16,7 km/h), avec pour seule amie une étoile qui me caresse les épaules et me chauffe comme la braise. Un rapide calcul et je sais que 3’36 » pour faire 1km cela veut dire 180+36 secondes= 216 secondes pour faire 1000m, ou encore 21.6 secondes pour faire 100m. J’adore faire ce genre de calculs à l’échauffement. Le plus important dans ce genre de séance c’est la régularité, alors je calerai mon allure en vérifiant que je suis bien entre 21″ et 22″ tous les 100m, et ça devrait le faire…
Sauf qu’avec cette fournaise c’est vite impossible, le cœur s’emballe. Je lutte dès le premier 1500m mais m’acharne à tenir cet infernal tempo puisque les jambes sont encore fraîches. Les 300m de récupération active en footing sont un bien court bonheur, et PAN il faut repartir en maîtrisant le geste. Ce ne sont que quelques dixièmes de secondes que je vais lâcher, le corps chaud bouillant j’enchaîne les 100m plutôt en 22 secondes tandis que la fréquence cardiaque habituellement plate et stabilisée ne cesse de grimper, ouch! à la fin je suis à 170puls/mn c’est 5 de plus que d’habitude: 5’28 » c’est 3’39″/km de moyenne et je regarde mon chrono avec l’œil d’un poisson cuit!
La série de 3*1000m qui arrive m’inquiète, je doute fort de maintenir au moins ce rythme 3’39″/km. vu que les pulses grimpent à 170 c’est pas la peine d’essayer de tenir 3’36 » ce matin, mieux vaut rester régulier en enchaînant les 100m en 22″ plutôt que de faire les premiers en 21″ et les derniers en 25″ …
Je repars pour 1000m cette fois, soit 2,5 tours de piste. Au bout de 400m c’est déjà l’enfer là-dedans. Les artères crachent un torrent de sang en furie. Ma respiration est anarchique, je dois me concentrer fort pour expirer correctement toutes les 2 foulées au lieu d’une comme le ferait un chien fou. Au bout de 800m le plus dur c’est bien de ne pas lâcher une miette de l’effort visé sur les 200 longs derniers mètres, la gueule ouverte comme une baleine affamée je me précipite pour faire 22″ et 21″: encore 3’39 » au final ! Pour récupérer j’ai beaucoup de mal à repartir tout de suite en footing car les pulses sont montées à 172 cette fois (mon max est à 178 !), je marche 20m puis me répète relève-toi je ne sais combien de fois avant de repartir au trot, le cœur est redescendu à 144 puls/mn ça va mieux mais il faut repartir si vite… à peine 200m de récupération. C’est drôle comme 200m peuvent être soit très longs, soit très courts… Je répéterai ce scénario 3 fois de suite: 3’39 » – 3’39 » et 3’39 » avec à chaque fois le cœur qui dérive en enfer au lieu de rester stable: merci l’amie, la bagarre fût rude.
Je vide d’un trait le reste de ma boisson et n’ai qu’une idée en tête: j’enlève mes pompes comme si elles avaient pris feu, balance les chaussettes au loin et part courir pieds nu dans l’herbe encore humide du stade: c’est DIVIN après une séance pareille. C’est la première foi que je cours pieds nus ailleurs que sur du sable en bord de mer, je foule un peu le tartan et ça me chatouille fort la plante des pieds. L’herbe humide par contre: quel bonheur c’est un régal! Je crois bien que je renouvèlerai cette expérience chaque fois que je le pourrai.
Très satisfait de ma séance je rentre à vélo chez moi dévorer le raisin de ma vigne, que ma chère amie a bien voulu gorger de bons sucres: finalement tu t’en sors bien va!
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